mardi 21 juin 2011

Stage d'écriture à Alloue

Du 9 au 11 mars 2011, les étudiants du parcours Théâtre ont fait un stage d’écriture à la Maison du comédien à Alloue. Le travail a été dirigé par Thibault Fayner, auteur dramatique et enseignant en dramaturgie à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT).








Impressions. Par Thibault Fayner

9 mars : nous arrivons et rapidement nous nous retrouvons à vingt assis autour d’une très grande table en bois dans la cuisine de l’ancienne maison de Maria Casarès. Nos hôtes nous content l’histoire du lieu autour d’une tasse de café. Une fois la présentation faite, ils se retirent, et nous demeurons les stagiaires et moi. C’est le moment de « lancer » le projet. C’est le moment de transmettre de l’envie. De se montrer clair et convaincant. De pointer les liens entre le réel et l’écriture. De commencer à semer des graines qui cet après-midi, demain au plus tard, feront pousser des textes. Nous sommes ici pour trois jours seulement. Ce matin, nous n’avons rien en main. Dans trois jours, nous aurons un spectacle de deux heures.

Ca prend. Les yeux des plus timides se lèvent. Les plus en retrait s’avancent. Ca prend. Je me sens fragile sur mes connaissances d’Haïti mais après tout, il s’agit davantage de plonger dans le sujet de la catastrophe que dans une véritable radiographie de la situation haïtienne. Pour cela nous sommes trop peu armés. Il aurait fallu que nous soyons tous mieux renseignés. Cependant chacun a des idées sur l’événement. Qu’est-ce qui fait événement d’ailleurs dans cet événement ?

Nous passons l’après midi à parler du sujet, à proposer des approches. Je pointe au passage de possibles terrains d’écriture, parfois même des consignes précises. Il nous tarde de prendre le crayon…

Nous découvrons le théâtre de la Maison du comédien. La salle est superbe. Une salle modulaire avec, au fond, deux battants qui ouvrent sur la nature. Un outil de travail idéal. Le régisseur nous installe une très longue table sur scène. Nous investissons le lieu. Encore quelques mots pour motiver l’écriture et c’est parti. Nous voilà tous plongés dans le silence. Nous tentons de trouver des situations, des mots, des personnages pour raconter quelque chose de la catastrophe haïtienne.

Lorsqu’on remet le nez dehors il fait nuit. Ca sent la campagne la nuit. Il me semble que ça fait des années que je n’ai plus senti cette odeur romantique. Dîner joyeux autour de deux grandes tables (encore des tables !). On a juste eu besoin de mettre les pieds sous la table. Le groupe est vraiment très chouette. On est bien là, tous ensemble, à l’écart du monde. Les téléphones ne passent pas.

Les jours qui suivent, nous poursuivons le travail entrepris. A coup de séances d’écriture et de tours de lecture. Nous commentons, nous interrogeons, nous retravaillons. Inutile pour l’instant de chercher une cohérence entre les textes. Il ne s’agit pas de construire un bel animal dramatique. Ce sera bien sûr des éclats, des fragments, qu’on agencera in fine, trente minutes avant la lecture de fin de stage.

La voilà justement. Depuis le bâtiment principal, nous voyons venir les responsables de la Maison du comédien parmi lesquels la directrice Claire Lasne. Curieuse, elle a voulu assister à la lecture que l’on avait décidé de faire le dernier après-midi. C’est tant mieux. Mais forcément ça met la pression. Chacun a eu la matinée (au plus) pour mettre en place la lecture de son texte, fini (au mieux) la veille. L'ordre de passage est écrit sur le tableau noir.

Les stagiaires se relaient aux pupitres plutôt harmonieusement. Plaisamment on découvre de multiples approches de la question, parfois fragiles, d’autres fois très réussies. Certains textes « font vraiment théâtre ».

Et c’est déjà la fin.

Nous nous quittons avec beaucoup d’émotions. Ces trois journées ont été très belles et très intenses. Le groupe que nous avons formé a vécu une belle expérience. "On garde ça dans nos cœurs". Retour en voiture au coucher du soleil. Lâché devant la gare de Poitiers, un peu sonné par tant d’échanges et de convivialité. Mais prêt à y revenir très vite.

avril 2011

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