vendredi 28 février 2014

Participez au projet de "cinémathèque de l'étudiant"

Je transmets ici un message du responsable d'un beau projet de plate-forme VOD auquel vous pouvez contribuer en faisant des propositions de films pour la constitution de cette cinémathèque.

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J'ai le plaisir et l'honneur de vous annoncer la commande par le Ministère de la Culture et de la Communication ainsi que le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, du prototype d'une plate-forme VOD baptisée « Cinémathèque de l'étudiant ».

Le prototype subira une phase de test d'une durée d'un an. Elle permettra d'établir la mise en fonction définitive de la Cinémathèque. Durant cette période, un corpus de 451 films (en hommage à François Truffaut ; Fahrenheit 451) avec un rafraîchissement de 20 films par mois sera présenté aux étudiants. Son accès, sécurisé, sera totalement gratuit.

La Cinémathèque proposera un environnement riche en contenus éditoriaux et permettra aux étudiants de bénéficier des clés d'analyse indispensables pour appréhender un film et notamment son inscription dans le contexte culturel, artistique, politique, économique et social de l'époque.

Cette Cinémathèque sera attractive et s'inscrira dans les habitudes numériques de ses jeunes utilisateurs. Elle sera ludique et participative, servira aux professeurs et aux étudiants comme une aide académique et pédagogique.

Les universités pouvant bénéficier d'un accès à la Cinémathèque de l'étudiant doivent impérativement disposer d'un ENT, le code de l'étudiant étant la clé sécurisant le dispositif.

Je sollicite ici votre collaboration afin que nous puissions mettre en place cette plate-forme, symbole de notre dynamisme universitaire, de la manière la plus adaptée aux besoins de nos étudiants. Nous devons penser dès maintenant aux contenus que les étudiants, les professeurs et le personnel des universités françaises, d'une manière plus large, peuvent apporter à la Cinémathèque (Micro-critiques, créations vidéos, travaux universitaires, thèses, etc).

Afin que la Cinémathèque vive de la manière la plus intense, il est nécessaire que des collaborateurs fassent la passerelle entre la plate-forme et les utilisateurs. Étudiants ou non, chaque participation sera la bienvenue.

J'espère sincèrement que vous aurez le désir d'être à nos côtés et de partager cette aventure collective. Merci de me contacter à l'adresse suivante : mathieu.pradalet@univ-avignon.fr

Mathieu Pradalet 
Chef de Projet de la Cinémathèque de l'étudiant 
Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse 
74 rue Louis Pasteur - 84029 - Avignon Cedex 1 
tél : 04 90 16 25 95 
web : www.univ-avignon.fr

dimanche 23 février 2014

Filmer le travail - suite

Dans l'inépuisable série "Nos étudiants ont du talent", je vous incite vivement à découvrir le court-métrage qu'a conçu, réalisé et joué Mathieu Marchal, étudiant polyvalent du M1 Professionnel Théâtre "Assistant à la mise en scène".



Croire au travail a été retenu pour le concours "Filme ton travail", a été projeté au Tap Castille et n'a raté que de très peu le palmarès, tout en recueillant les encouragements du jury à persévérer. Une belle consécration pour un coup d'essai... à transformer dans les prochaines tentatives !

mardi 18 février 2014

Projection-débat sur la mémoire des camps

Ce jeudi 20 février, en amphi 1 à 14h, ne manquez pas la projection du film Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures, de Claude Lanzmann, autour du témoignage de Yehuda Lerner, l'un des prisonniers qui ont assassiné en même temps des officiers nazis (pour sa part, d'un coup de hache en pleine tête), permettant l'évasion de centaines de juifs du camp de Sobibor).


Ce geste de révolte, qui fait vaciller les frontières du bien et du mal, est ressaisi, en mots et en images, selon une dramaturgie du témoignage qui donnera lieu à débat, à 16h, toujours en amphi 1, entre Sylvie Rollet et Frédérik Detue.

Vous trouverez ici le flyer de l'événement, qui comprend aussi des lectures de témoignages de survivants (mercredi 19 février au soir) et une exposition de photos en salle des actes.

vendredi 7 février 2014

Filmer le travail, ça commence aujourd'hui

Poitiers s'affirme depuis plusieurs années comme une capitale du cinéma le plus exigeant, nécessaire et divers, avec pas moins de trois festivals par an : les désormais fameuses Rencontres Internationales Henri Langlois (les écoles de cinéma, en décembre), le festival OFNI (sur la galaxie expérimentale et de recherche, en novembre) et enfin, dernier né mais déjà très prometteur : "Filmer le travail" (sur le cinéma politique engagé dans les enjeux et combats des travailleurs de tous secteurs).


La cinquième édition se déroule à partir d'aujourd'hui vendredi 7 et jusqu'au 16 février. N'hésitez pas à profiter largement de sa programmation quotidienne exigeante qui fait les gros titres des hebdomadaires nationaux

Vous trouverez toutes les informations nécessaires ici, et le dépliant synthétique . Je me permets simplement de vous conseiller de manière subjective quelques moments à ne manquer sous aucun prétexte:

- la rétrospective René Vautier, dont vous connaissez tous le magnifique pamphlet Afrique 50, et qui vous permettra de voir quelques raretés, comme le documentaire incandescent et passionné, à la croisée du féminisme et de la lutte des classes : Quand les Femmes ont pris la colère, demain samedi 8 février, mais aussi deux films burlesques et néanmoins politiques, avec l'immense acteur algérien Mohamed Zinet, Les Ajoncs et Les Trois cousins, aujourd'hui en séance d'ouverture, à 20h30. Et le 13, ce sera le tour d'Avoir 20 ans dans les Aurès, film-happening de reconstitution de la vie des soldats français pendant la guerre d'Algérie.


- les regards sur le cinéma allemand, pour découvrir les films d'Harun Farocki, Alexander Kluge, Rainer Werner Fassbinder... présentés par des enseignants que vous connaissez et appréciez comme Sylvie Rollet, Hélène Yèche ou Martin Rass.

- l'hommage à Armand Gatti, grand homme de théâtre et promoteur du cinéma participatif qui, dans les années 1970, a investi les usines Peugeot de Montbéliard pour permettre aux ouvriers émigrés de tous pays de faire leur propre film. Seront diffusés les différentes bandes vidéo du Lion, la cage et ses ailes, cette vaste fresque révolutionnaire qui laisse les intéressés choisir ce qu'ils veulent montrer d'eux-mêmes, de leurs luttes ou de leur mémoire.



Bon festival, bonnes projections !

lundi 3 février 2014

Goltzius, pour découvrir Peter Greenaway

Le 5 février sort le nouveau film de Peter Greenaway, Goltzius et la compagnie du pélican. Ce cinéaste anglais passionné par la peinture est un adepte de scénarios sériels où, systématiquement, une même question esthétique (cadrage, clair-obscur, figure et fond…) est envisagée en différents épisodes qui, loin d’épuiser le mystère de la représentation, l’approfondissent et finissent par le transférer du domaine de l’art à celui de la vie.


Depuis son premier long-métrage, Meurtre dans un jardin anglais (1982), Greenaway ne cesse d’envisager les artistes comme des enquêteurs fouillant le secret des apparences pour y découvrir la preuve d’un complot, la trace d’un meurtrier – au prix de leur vie même : ses œuvres sont pour la plupart des variations plus ou moins heureuses d’un même précipité entre les romans policiers d’Agatha Christie, le film manifeste de Michelangelo Antonioni (Blow up, 1966) et Palettes (Alain Jaubert), la fameuse série télévisée de décryptage de tableaux.

Si vous ne connaissez pas encore ce réalisateur, Goltzius est l’occasion de le découvrir puisqu’il est en quelque sorte le digest, ou la resucée, de ses précédentes réflexions cinématographiques. Aux vieux routiers de la cinéphilie pour lesquels les films des années 1980 ont été des chocs esthétiques et des objets théoriques pour penser un mode d’articulation entre la peinture et le cinéma – en plus de Meurtre dans un jardin anglais, je vous conseille Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant (1989) pour l’évocation à la fois hiératique et carnavalesque d’une passion adultère allant jusqu’au cannibalisme –, les dernière œuvres paraissent en effet un peu moins nécessaires, prises dans une spirale de réécriture mécanique, peut-être même pédagogique, qui dit certes bien les obsessions du créateur mais sans les renouveler ou retrouver leur force initiale. Suscitant cette impression de tourner à vide, La Ronde de nuit (2008) faisait ainsi de Rembrandt un nouvel avatar du détective dessinateur du premier long-métrage, encodant dans son célèbre tableau autant de détails étranges dont l’interprétation devait révéler les coupables d’un assassinat, et signant ainsi le début de son déclin.

De même, on retrouve dans Goltzius une trajectoire d’artiste, puisque le film porte le nom d’un fameux graveur et imprimeur hollandais du XVIIème siècle. Le scénario même est de l’invention de Greenaway, qui imagine un contrat artistico-commercial entre d’une part le graveur à la recherche de financement pour un projet d’édition illustrée des Métamorphoses d’Ovide et d’autre part le marquis d’Alsace qui accepte de payer si la compagnie du Pélican, la troupe de Goltzius, incarne sur scène les six épisodes les plus sulfureux de l’Ancien Testament. Greenaway retrouve alors ses chères structures répétitives, où l’enchaînement réglé des tableaux se voit peu à peu perturbé par les répercussions de la scène sur la vie : échanges amoureux et pulsions meurtrières entre acteurs et spectateurs, débats exégétiques sur la Bible et sa figuration sur le plateau. 


A coup de reconstitutions maniéristes et de peintures hollandaises, Goltzius et la compagnie du pélican déroule ainsi l’évocation du premier coït d’Adam et Eve, de l’inceste des filles de Lot, de l’adultère de David et Bethsabée, de la séduction de Joseph par la femme de Putiphar, de la trahison de Samson par Dalila et enfin de la danse des sept voiles de Salomé, dernier et seul épisode du Nouveau Testament, selon une transgression qui vaut rupture du contrat et précipite l’issue fatale – même si la narration, assumée par Goltzius lui-même quelques années après l’épisode, rassure d’emblée sur le sort du héros éponyme. Tous ces tableaux articulent de manière explicite, et encore redoublée par le commentaire de Goltzius, la question du désir et de la mort, de l’érotisme et du crime, assaisonnée d’une pincée de voyeurisme, de questions théologiques et morales, d’une satire de l’aristocratie décadente, et d’une mise en abyme du théâtre au cinéma. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que deux artistes de la scène contemporaine figurent au générique du film : Pippo Delbono incarnant à la fois – blasphème ! – Dieu et le Diable dans le premier tableau, et Kate Moran, danseuse, actrice et performeuse chez Pascal Rambert ou Bob Wilson, en Salomé. 


Pour finir, s’il ne fallait garder qu’une raison d’aller voir en salle Goltzius et la compagnie du pélican, ce serait pour profiter des splendides effets visuels encore magnifiés par la texture des nouvelles images générées par ordinateur. Dans le sillage de son adaptation de La Tempête (Prospero’s Books, 1991), le cinéaste a investi un immense entrepôt désaffecté qui accueille à la fois les tableaux et leurs coulisses, mais sert surtout de cadre à des projections multiples : l’image se voit recouverte et rythmée par des ciels numériques, aux ébats d’Adam et Eve se surimprime la naissance du langage et de ses miroitements – le profane côtoie nécessairement le sacré dès lors que Dog est l’envers de God –, le corps de Goltzius narrateur fait écran aux mots manuscrits qui transcrivent ses paroles en signifiants visuels [si vous aimez, vous pourrez ensuite vous régaler de ce conte cruel « cinécalligraphique » qu’était déjà The Pillow Book (1996), avec Ewan McGregor]. Enfin, la scène du décor s’enrichit à plusieurs reprises d’une enfilade géométrique de piliers créés par ordinateur qui achève de faire de ce lieu grouillant d’Eros et Thanatos le carrefour composite des possibilités de l’image aujourd’hui, de son plus ancien héritage à ses plus récentes reconfigurations.